Chaque 8 ans, les délégués de tous les spiritains et amis des spiritains se rencontrent pour faire le point et chercher ce que Dieu leur demande. Pour la 2ème fois ce chapitre a rassemblé 100 personnes à Bagamoyo en Tanzanie (70 délégués et 30 fonctionnaires au service des traductions, des liturgies, de la santé ou de l’animation.
C’est quelque chose de sortir de son pays et de se rassembler en présentiel durant cette pandémie qui nous a secoués. Cent spiritains l’ont fait et ont accepté de prendre le risque de partir à l’étranger et de faire le service technique de la congrégation pour voir où Dieu nous poussait.
Deux récits vous sont proposés : celui de la présidente des fraternités spiritaines en France, Marie-Jeanne M et celui du provincial des spiritains suisses, Patrice Gasser.
Une femme française parmi les capitulants
3h de bus entre l’aéroport et Bagamoyo, le temps de faire connaissance avec quelques confrères venant eux aussi pour la première fois à un chapitre … et émus, comme moi, par l’accueil à l’arrivée.
Immédiatement je perçois que la couleur noire sera la couleur dominante de l’assemblée.
Mes craintes se confirment quant à l’anglais : facile de poser une question, moins évident de comprendre la réponse selon les accents !! Heureusement, les traducteurs viendront à notre secours pour les interventions en anglais ou portugais. J’apprécierai donc particulièrement les temps « francophones » : les discussions en commission et les vêpres.
La participation de trois femmes dans cet univers masculin suscite étonnement, curiosité et questions. Le mot « France » sur mon badge est magique pour ouvrir la conversation. Plusieurs participants ayant étudié ou séjourné en France, demandent des nouvelles de leurs connaissances… qui recevront des photos.
Je fus témoin de retrouvailles émouvantes. Après des années de séparation depuis le noviciat ou un temps de mission commune, que de souvenirs et de nouvelles à partager ! Je découvre la force des liens fraternels tissés autrefois sous d’autres cieux et rends grâce pour ce fruit de la vie communautaire.
Le thème du chapitre général 2021 était : « Voici, je fais une chose nouvelle » (Is 43.19)
Concernant la place des laïcs dans la congrégation du Saint Esprit, la nouveauté fut l’approbation à l’unanimité, du « guide pour les laïcs spiritains associés ».
La session consacrée à ce sujet commença par ces mots : « des laïcs nous rejoignent parce qu’ils sont attirés par notre charisme, notre spiritualité et notre mission ». Cela est vrai sous toutes les latitudes. Selon la proximité et le niveau d’engagement la personne sera appelée : « Amis des spiritains », membre d’une « Fraternités spiritaines » ou « Laïcs spiritains ».
Quels souvenirs je garde de ce chapitre ?
*Les eucharisties matinales en différentes langues, moments forts de communion et de disponibilité confiante et attentive aux appels de l’Esprit.
*La volonté de renforcer l’unité en tenant compte de la diversité des situations selon les pays
*Les rencontres avec des personnes simples et vraies, profondément disponibles à toute mission.
*Les invitations à venir rencontrer les fraternités Esprit et Mission existantes …. Ou à venir !!
*Le panorama de la mer aux couleurs changeantes et les chants d’oiseaux magnifiques et variés invitant à remercier Dieu pour la création.
*La gentillesse et le sourire du personnel de l’hôtel en formation ou déjà qualifié.
*L’humilité du nouveau supérieur et des 6 assistants, leur confiance en l’Esprit …. Et leur demande répétée de la prière de chaque membre de la famille spiritaine pour mener à bien la tâche qui leur est confiée.
Marie-Jeanne MENNESON 27 novembre 2021
Le chapitre général 21
Autorité suprême de notre congrégation (cf. RVS n.211) il a été réalisé pour la 2ème fois en terre africaine, à Bagamoyo en Tanzanie. La dernière fois que j’étais en Afrique, c’était il y a 6 ans, (en juillet 2015) je visitais la paroisse où j’ai travaillé au Nord Ghana et John Kwofie dans son évêché de Takoradi ; j’ai senti le travail de réadaptation que nous avons dû faire quand nous sommes arrivés en Afrique : nous protéger des moustiques, éviter le soleil brûlant, faire attention à la nourriture, et surtout écouter sa fatigue, son énergie et la canaliser au mieux. Avec cette pandémie qui ralentit les différentes activités, l’ancienne équipe générale a pris un risque calculé en nous rassemblant en Tanzanie et cela a réussi, aucun délégué n’a pas pu venir pour des raisons de visa ou sanitaires ; deux (sur 71) se sont excusés à cause de leurs occupations respectives.
L’ancienne équipe générale, fatiguée, était contente de laisser son mandat ; depuis 9 ans, ils ont accompagné les confrères, trouvé des solutions à des problèmes de personnes, épongé les dettes de confrères pas très consciencieux, veillé au cadre dans lequel les spiritains vivent et rappelé la mission qui est la nôtre. La dynamique du chapitre général soigneusement préparé par cette équipe a permis d’élire une nouvelle équipe qui s’est révélée peu à peu dans les délibérations quotidiennes. Deux des fonctionnaires (modérateur, et traducteur) ont été appelés à devenir conseiller général et à entrer dans le chapitre ; je ne crois pas que cela soit arrivé souvent …. Quatre africains, deux européens, et un américain ; une représentation à mon sens équilibrée de ce qu’est la congrégation aujourd’hui.
Le rapport général (que je laisse volontiers en consultation à qui le veut) nous a donné la base de réflexion nécessaire pour garder dans nos cœurs l’ensemble de la congrégation. De manière nouvelle il a été élaboré par John Fogarty en tenant compte des richesses de nos communautés dans un monde qui change très vite. Des points d’attention et des défis ont été spécifié pour chaque groupe de spiritain ; et un panorama global de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde a été présenté.
Une majorité jeune et anglophone s’est très vite dessinée : le Nigéria forme déjà l’essentiel de nos étudiants, ces spiritains ont commencé à se structurer au départ des Irlandais après la guerre du Biafra de 1969 ; ils sont la majorité et restent marqués par leur propre histoire. D’autres groupes se structurent et se solidifient ailleurs à un autre rythme… La province de Tanzanie frappe avec son dynamisme et sa créativité ; ils ont pris des initiatives pour accueillir des enfants handicapés, sourds et malentendants… Les groupes de Sierra Leone et de Gambie sont au milieu de groupes francophones. Beaucoup se connaissent parce qu’ils ont eu une formation internationale (Rome, Libreville, Enugu, Paris, Nairobi, Ejisu).
Les francophones en postes de responsabilité sont moins nombreux. Ce sont les provinces d’Afrique centrale (bien représentées au nouveau conseil) qui en sont les représentants. Certains jeunes du Congo, du Cameroun sont en responsabilité ailleurs (Seychelles, la Réunion, Québec). Les africains composaient les 70% des 100 délégués-fonctionnaires rassemblés pour ce chapitre.
Le profil des provinciaux de petits groupes était la majorité des délégués ; et ils sont bien engagés dans leurs églises, au Congo ou au Québec, certains cumulent la charge de curé de paroisse avec leur mandat et partagent le souci des confrères avec le service de l’église locale. La plupart des provinces occidentales ont déjà un responsable d’ailleurs : l’Allemagne avec Innocent du Nigéria, l’Angleterre avec Hugo du Nigéria, la Hollande avec Marcel encore du Nigéria, l’Italie, Guy du Congo-Brazza, La Croatie avec Paul de Sierra-Leone, le Québec avec Augustin du Congo Kinshasa.
Dans les décisions il y a eu des orientations très nettes : une attention à la création (les changements climatiques, le futur de nos continents, la réduction de la consommation et de la pollution, et un désir d’accompagner les groupes en précarité (victimes climatiques, les filles, les minorités, les gens différents)
Le climat africain du bord de la mer a marqué notre rencontre, notre prière (qui commençait toujours à l’heure, mais non sans retardataires…) et nos échanges, vifs mais toujours cordiaux. Quand nous n’étions pas d’accord, nous disions pourquoi et nous avons avancé ainsi. Les élections des conseillers généraux se sont fait assez naturellement, sans opposition.
Personnellement, je retiendrai les mots de synodalité et d’humanisation : j’ai saisi que pour vivre avec des gens différents, nous avons à prendre en compte nos origines, nos spécificités à vivre le temps, l’espace, la rencontre, et les différentes étapes de vie dans lesquelles nous sommes ; et alors, il y a de la joie à travailler et à se détendre ensemble. L’avenir ? Nous ne savons pas quels défis nous aurons à vivre, mais nous savons qu’ensemble, l’Esprit nous parle et nous donne les moyens d’avancer…